Une seule chose te manque



Méditation à l’occasion de mes vingt-cinq ans de sacerdoce

48 pages

Prix unique en RDC  : 2000 Fc

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Table des matières





Le 2 août 2012, j’ai fêté mes vingt-cinq ans de sacerdoce. C’est un jubilé d’argent. Quel argent ?

Le 2 août 1987, l’évêque d’Idiofa, Mgr Eugène Biletsi, nous a imposé les mains. Nous étions trois : Paul Manesa, Eric Mukarantin et moi-même.

Le dimanche 4 janvier 1987, dans l’église paroissiale Notre-Dame de la Sagesse de l’Université de Kinshasa, nous étions une bonne dizaine à écouter attentivement l’évêque auxiliaire de Kisangani. Mgr Monsengwo Pasinya nous ordonnait diacres. Suivant le rituel, il a rappelé la mise en garde contre le culte de l’argent. Depuis, j’entends toujours particulièrement résonner les paroles de saint Paul à Timothée : « La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l’âme de tourments sans nombre. » (1 Timothée 6,10).

Pour mes vingt-cinq ans de sacerdoce, un ami m’a adressé ses vives félicitations, accompagnées de fervents souhaits : que je persévère pour qu’un jour, l’argent se transforme en or. Que je célèbre donc mon jubilé d’or. Quel or ?

Quel argent et quel or ? L’apôtre Pierre a répondu à la question d’une certaine manière. Alors qu’il arrivait, un après-midi, avec son collègue Jean, près de la porte du temple appelée « la Belle Porte », il s’est trouvé devant un infirme de naissance que l’on avait apporté là pour qu’il mendie auprès de passants. L’infirme attendait de l’argent. Pierre lui dit : « Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! » (Actes 3,6)

L’infirme de naissance méritait donc bien plus que l’argent qu’il désirait et qu’il recevait. Il put marcher, sauter et louer Dieu, au grand étonnement de ceux qui le voyaient et ne lui connaissaient pas cette capacité.

Juifs pratiquants, Pierre et Jean se rappelaient sans doute les avertissements du psaume 115 contre les païens : « Leurs idoles, or et argent, une œuvre de main d’homme. » (Psaume 115,4)

Loin de la terre des Juifs, Le Seigneur m’a fait naître sur un territoire dont le sous-sol est chargé d’or, d’argent et de beaucoup d’autres minerais ordinaires et extraordinaires. Depuis Léopold II, le roi des Belges, au dix-neuvième siècle, ces richesses minières ont attiré tant de convoitises que le peuple congolais ne peut dormir en paix. Jusqu’en 2013, l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC est la cause fondamentale des guerres incessantes qui déchirent le pays.

A mon ordination sacerdotale, j’ai choisi pour devise la phrase du livre de l’Exode, où Dieu dit à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple. » (Exode 3,7). Vingt-cinq ans après, je comprends de mieux en mieux cette misère. Elle est matérielle et spirituelle à la fois. Elle est surtout spirituelle. Elle est aussi dans l’idolâtrie de l’argent.

Devant les fleuves de sollicitations venant de la misère du peuple et devant les pressions de toutes sortes de ceux qui, gratuitement ou pas, incitent les pauvres à la mendicité, toute personne consacrée par le vœu de pauvreté devrait dire et faire comme l’apôtre Pierre. Tout prêtre aussi, sans doute. Tout chrétien, tout disciple du Christ aussi. C’est à tous indistinctement que le Seigneur adresse le « conseil » pour se détacher des biens matériels et pour rechercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice.

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