Dieu et le motocycliste

Au cœur des jours et des nuits
Dieu et le motocycliste
Motocyclistes à Kigali (Rwanda), le 15 janvier 2015
Le motocycliste qui me conduit au studio de la radio catholique Elikya me confie sa foi. Dieu est bon, me fait-il remarquer. Les après-midi de forte chaleur à Kinshasa et surtout lorsque le ciel menace de faire tomber la pluie, le conducteur de moto se dit que Dieu est vraiment un père qui aime ses enfants et veille sur eux. La forte chaleur oblige beaucoup de Kinois à chercher une moto pour rentrer chez eux. Et les affaires marchent !

Je rétorque que Dieu doit être bien embarrassé s’il doit écouter et exaucer la prière des conducteurs de moto et écouter et exaucer la prière de bien des pauvres gens qui n’ont pas de quoi payer et qui marchent pour regagner leur toit. La pluie et la chaleur ne font pas leur affaire !


Le motocycliste reconnaît que Dieu doit être embarrassé dans un pareil cas. C’est une façon de parler, avance-t-il. Autrement dit : Dieu doit être juste et miséricordieux. Dieu prend soin du faible et du pauvre qui l’implorent. Après tout, Dieu aime tous ses enfants de la même manière, sans préférence.

Le motocycliste me raconte avoir lui-même donné plusieurs fois la même explication à ceux qui avaient tendance à penser que Dieu les favorisait, eux, qu’ils étaient ses enfants préférés. A Mbuji-Mayi, dans le Kasai-oriental, lorsque l’équipe de creuseurs de diamants n’avait pas trouvé la moindre petite pierre pendant des jours et des semaines, certains s’en prenaient à Dieu, se plaignaient en disant qu’il les avait oubliés, qu’il les avait déçus. Le chef d’équipe d’alors, devenu motocycliste à Kinshasa, se rappelle avoir appelé à chaque fois ses compagnons à la patience. 

Dieu s’occupe aujourd’hui d’autres comme il s’est occupé de nous hier et comme il s’occupera de nous une autre fois, disait-il. Et il avait toujours raison, reconnut-il.
Le même motocycliste me demanda tout de même de lui dire si Dieu était vraiment juste. Maintenant, le diamant de Mbuji-Mayi ne donne plus grand-chose, de sorte que ses compagnons et lui-même ont dû déménager pour Kinshasa. Dieu écoute-t-il les motocyclistes ?



Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

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